J’ai découvert la plume d’Aude Mermilliod en me promenant sur le blog des Lectures d’une roussette : elle y parlait notamment du Chœur des femmes, l’adaptation en BD du roman du même nom écrit par Martin Winckler : celui-ci n’étant pas disponible à la bibliothèque, je me suis empressée de le réserver, et ai pris l’autre album présent de l’autrice : Il fallait que je vous dise, qui aborde le sujet tabou et sensible de l’avortement. J’ai profité d’une soirée où j’étais seule pour m’y plonger sans être dérangée toutes les cinq minutes…
Résumé
La rencontre de la dessinatrice Aude Mermilliod et du romancier Martin Winckler. Deux voix pour rompre le silence sur un sujet encore tabou, l’IVG. Si elle donne le choix, l’IVG ne reste pas moins un événement traumatique dans une vie de femme. Et d’autant plus douloureux qu’on le garde pour soi, qu’on ne sait pas dire l’ambivalence des sentiments et des représentations qui l’accompagnent. L’angoisse, la culpabilité, la solitude, la souffrance physique, l’impossibilité surtout de pouvoir partager son expérience. Avec ce livre, Aude Mermilliod rompt le silence, mêlant son témoignage de patiente à celui du médecin Martin Winckler. Leur deux parcours se rejoignent et se répondent dans un livre fort, nécessaire et apaisé.
Mon avis
Cette lecture m’a énormément touchée : je m’y attendais assez au vu du sujet, mais l’autrice l’aborde avec une telle sensibilité que j’ai tout de même été surprise… Et n’en ai fait qu’une bouchée, évidemment. Sa plume délicate s’accorde merveilleusement à la douceur de ses illustrations, et l’on se laisse porter par un récit qui ne laissera aucune femme indifférente.
Aude est jeune serveuse quand elle apprend qu’elle est enceinte : un copain tout frais, une situation pas vraiment idéale et, surtout, le sentiment que ce n’est pas pour aujourd’hui, que le ciel lui tombe sur la tête. La décision d’avorter s’impose donc, mais n’en est pas pour autant facile : comment cela pourrait-il ? Nous suivons ainsi son cheminement, et sa guérison travers son témoignage, c’est toute la complexité de l’avortement qui est mise en lumière : physique, d’abord, puisque l’acte en lui-même est loin d’être anodin, et psychologique, ensuite : de la prise de conscience aux questionnements inévitables, du sentiment d’être incomprise – voire, pire, infantilisée ! – au besoin d’être entourée… C’est un témoignage précieux, délivré avec tact et humour, parfois, qui apaise autant qu’il réconforte.
A l’histoire d’Aude Mermilliod répond celle de Martin Winckler, alors tout jeune médecin généraliste, mais déjà particulièrement sensible à la cause des femmes. Sa carrière débute à un moment clé, puisque l’avortement se légalise tout juste : l’enfer des avortements clandestins s’efface douloureusement, mais laisse des traumatismes bien enracinés. Décidé à aider les femmes à porter ce fardeau, le jeune médecin entreprend de se former… mais tout n’est pas une question médicale : l’accompagnement des femmes dans ce terrible moment de leur existence demande avant tout tact et empathie…
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