Plein Ciel, Siècle Vaëlban

Alors là… alors là ! Il faut que je vous le dise : avant d’aller aux Imaginales, je n’avais jamais entendu parler de Plein Ciel. Ai-je vécu dans une grotte ces derniers mois, n’étant que trop peu présente sur booksta et la blogo ? Peut-être bien. Mais le fait est que c’était un total inconnu pour moi, et que rien n’aurait dû changer cet état de fait.

Et puis… je l’ai vu. Posé là, avec ses compagnons, sur une table pleine à craquer. Avec sa reliure orange, son jaspage bleu turquoise, ses trois signets ne demandant qu’à être utilisés, sa couverture magnifique… Même mon papa (!!!) s’est arrêté devant le précieux, subjugué par sa beauté – imaginez l’ampleur de sa surprise, lui qui n’avait jamais eu l’occasion d’admirer un jaspage digne de ce nom !

Je suis passée, repassée et rerepassée devant un nombre incalculable de fois. Et à chaque passage… un coup d’œil, pas plus : je ne m’autorisais pas davantage, le bougre coûtant tout de même 28 euros. Et puis, samedi soir, la fatigue aidant… j’ai craqué. L’autrice était là, un sourire éclatant sur le visage, juste à côté de Cindy Van Wilder Zanetti, à qui je venais justement d’aller faire un câlin. J’ai donc attrapé mon neveu par la manche – très subtilement, je vous prie de le croire – – oui, les Imaginales sont vraiment une affaire de famille, chez nous -, et nous nous sommes adroitement glissé dans la file d’attente. Et nous avons… attendu. Et attendu encore. C’est que Siècle Vaëlban n’est pas avare de paroles ! Nous en avons profité pour sympathiser avec une jeune femme m’a foi fort sympathique – et tout aussi ignorante que moi de l’intrigue du roman que nous nous apprêtions à acheter – ce qui est, on l’avouera aisément, l’un des côtés les plus chouettes de ce festival. BREF – j’ai déjà fait trop de digressions, avant même d’avoir commencé à vous parler de ma lecture, c’est terrible -, arrivée devant l’autrice, j’ai rencontré une personne prolixe de ses sourires, extrêmement accessible et d’une grande générosité ♡ Une belle discussion, beaucoup de rires et d’enthousiasme, un magnifique croquignolet en poche, une dizaine de jours pour enfin me lancer à l’assaut de Plein Ciel et… me voilà fin prête pour vous en parler !

Le résumé :

Sur l’île de la Nébuleuse, l’Opéra Plein-Ciel fait la pluie et le beau temps, et chacune de ses représentations se doit d’être parfaite.

Des Confins à la capitale, tous les habitants sont appelés à mettre leurs dons au service de l’Opéra. 

Née au sein d’une famille d’aristocrates capables de métamorphoser les corps, Ivoire est une simple dompteuse de rubans, et c’est loin de son milieu social qu’elle a trouvé sa place, au sein d’un prestigieux atelier de couture. Mais lorsque la Maîtresse-Jouet de Plein-Ciel remarque son talent, Ivoire n’a pas le choix : elle est forcée d’emménager au coeur de l’Opéra. La voilà plongée dans les coulisses où la vie se mène à un rythme effréné, au gré des préparatifs, des intrigues de cour, et des pamphlets interdits qui circulent sous le manteau et promettent un autre monde possible…

Mon avis

Ce roman, ce roman… si j’avais su ! Si j’avais su plus tôt, je n’aurais clairement pas attendu la dernière minute pour craquer. Alors prenez garde mes amis, car je suis conquise… Et n’ai désormais qu’un seul but : que vous vous lanciez, vous aussi, à l’assaut de ce petit pavé renfermant une histoire proprement fabuleuse. C’est dit !

Et pourtant, Siècle Vaëlban m’a quelque peu perdue, au début : son roman nous immerge dans un univers tellement foisonnant, tellement original, dans laquelle prend place une intrigue des plus tortueuses, que… je me suis sentie quelque peu submergée. Des Inanimés, des Jouets, des Masques… Une magie des plus polymorphes… Une galerie de personnages particulièrement riche… Mais l’autrice fait bien les choses, et les différentes pièces du puzzle se mettent en place doucement : ne reste dès lors que l’émerveillement, une telle imagination ne pouvant que forcer l’admiration. J’en suis pour ma part complètement tombée sous le charme, l’Opéra ayant éteint chez moi toute volonté de penser à autre chose. Je suis restée plongée dans Plein Ciel moins d’une semaine, mais n’ai jamais réussi à m’en détacher complètement durant ce laps de temps : chaque instant de répit était l’occasion de grappiller une ligne ou deux, de m’immerger, ne serait-ce que pour un bref instant, dans cette ambiance magique.  

Mais de quoi parle-t-on, exactement ? Ce roman nous emmène sur l’île de la Nébuleuse, où une partie de la population possède le don d’animer : peau, cheveux, tissu, bois… chacun, qu’il soit Jouet ou Masque, n’a d’affinités qu’avec un élément précis. Et ces talents, c’est l’Opéra qui en fait bon usage : ses représentations sont en effet cruciales pour les habitants, du succès de celles-ci dépendant leur tranquillité d’esprit.

Ivoire, elle, est une dompteuse de rubans. Une honte pour sa famille de Masques, et ce d’autant plus qu’elle est née avec une peau de lait. Loin des siens, Ivoire vit pourtant  une vie paisible en tant que coryphée – contremaître ? –  de l’incroyable Démesure : au milieu des fanfreluches et de ses précieux croquignolets, elle prend bien soin de ne pas se faire remarquer par l’Opéra. Mais le ruban de trop est pourtant tissé, et Ivoire se retrouve catapultée à Plein Ciel, découvrant les coulisses d’un monde bariolé, où les faux-semblants abondent et où personne n’est ce qu’il semble être. Pour la jeune femme, c’est un vrai jeu de dupes qui s’engage… et qui pourrait bien la conduire à sa perte.

Intrigue, plume, univers et personnages : Siècle Vaëlban fait un sans faute avec ce roman tout simplement incroyable. Ivoire est merveilleuse, tellement loin de l’héroïne stéréotypée que l’on retrouve trop souvent en fantasy, à la fois touchante et admirable, toute en creux et en aspérités. Elle est accompagnée d’une horde de personnages plus ou moins secondaires, véritable troupe chamarrée, aussi bruyante qu’exaltante. J’en ai aimé certains comme j’en ai honni d’autres, la force de mes sentiments à leur égard témoignant de l’habileté avec laquelle l’autrice leur a donné vie. Chandelier (pouvais-je commencer par quelqu’un d’autre ?), Dé-à-coudre, Démesure, Adeline-Exquise, Kelicia, Tallulah, Jo, Mademoiselle Ji, Crinoline… Comme Ivoire, j’ai pu ressentir une vague anxiété devant leur nombre. Et pourtant, comme elle, nous apprenons à naviguer au milieu des rôles et des masques, des titres et des êtres. J’ai particulièrement aimé cet effeuillage adroit auquel l’autrice se livre, dépouillant petit à petit ses propres personnages de leurs illusions, de leurs mensonges, de leur armure, pour les laisser finalement paraître plus authentiques, plus vulnérables.

L’intrigue, quant à elle, est passionnante : à la fois parce que Siècle Vaëlban est généreuse en détails et nous offre donc une plongée décoiffante dans les coulisses du monde du spectacle, mais également parce qu’elle nous offre une histoire palpitante, qu’il est bien difficile de lâcher une fois commencée. Ivoire avance dans les méandres du roman, et nous la suivons de près : les surprises abondent, les révélations pleuvent et, chaque fois que nous pensons avoir saisi le bout de quelque chose, l’autrice fait une adroite pirouette en nous tirant la langue. Frustrant ? Un peu. Efficace ? Terriblement. Elle nous mène par le bout du nez durant 600 pages ou presque, jouant admirablement de sa plume pour ne jamais perdre notre intérêt : celle-ci est non seulement très évocatrice mais également pleine de poésie, tantôt acérée ou piquante, tantôt tendre ou mélancolique. Siècle Vaëlban tisse les mots comme Ivoire ses rubans : avec talent et émotion, pour ne nous laisser aucune chance d’y résister.

L’univers, enfin. Petite précision, avant toute chose : je suis grande lectrice depuis toujours. Depuis mon plus jeune âge, j’ai dévoré roman sur roman, en lisant plus au fil des ans que je ne pourrais en compter. J’en arrive donc aujourd’hui, à l’âge avancé de 32 ans, avec un certain… passif de lectrice. Et pourtant. POURTANT ! Je n’ai JAMAIS rien lu de tel. Le worldbuilding de ce roman est d’une originalité sans pareille, et s’y plonger fut un délice. Cette magie, cet Opéra… mais WAHOU ! Oui, je me suis sentie submergée, au début. Trop de trop, comme dirait Démesure ! Et pourtant, quel panache, quelle réussite ! Le tableau que nous peint l’autrice est fait de mille couleurs éclatantes, riche de détails, vivant au possible. Un décor somptueux qui s’admire et s’apprécie tout autant que le reste, et qui ne peut que participer à nous faire tomber sous le charme de ce roman qui a, décidément, tout pour lui.

Plein Ciel fut un coup de cœur. A tous points de vue. Ce roman m’a charmée, exaltée, passionnée, il m’a tiré des larmes comme des rires, j’en ai même RÊVÉ. Je ne peux que me féliciter d’avoir lâchement préféré ma bibliothèque à mon porte-monnaie, tant la rencontre fut fabuleuse. Et, assez extraordinairement, Plein Ciel est le premier roman qui m’ait donné, véritablement, envie d’y apposer ma marque : souligner les passages qui m’ont marquée, y dessiner ça et là mes réactions, mettre en couleurs, même ! Les magnifiques petites illustrations qui ornent chaque début de chapitre. Je sais d’ores et déjà que je m’y replongerai tôt ou tard, armée de ma palette d’aquarelle, pour céder à cette hérésie qui me semble pourtant absurdement juste. Bref, c’était magnifique, je soupçonne désormais l’autrice d’être une Maîtresse Jouet – une dompteuse de mots, à n’en pas douter ! – échappée de sa propre création, et…. lisez-le, tout simplement !



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